L’ossature du monde

Prenons le fémur.

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Quoi de plus banal qu’un fémur ?

C’est un os.

Mais à y regarder de plus près, c’est un outil multifonction !

Donnez-le à un chien et il cessera de se déverser dans vos pantoufles !

Un bon coup de fémur dans la gueule du voisin vous octroiera 2 jours de calme radiophonique.

Et ce ne sont là que les utilisations simplistes. N’oublions pas le fémur-décapsuleur, le fémur-tire-bouchon, le fémur-tournevis à entaille large, le fémur-bâton de majorette, le fémur-club de golf, le fémur-bâton de relais, le fémur-fourchette à huîtres, le fémur-émetteur radio, le fémur-clé WiFi, j’en passe et des meilleurs.

Oui, mais, vous insurgerez vous dans la violence et le sang ou tout du moins en levant un doigt timide, quel est alors l’intérêt du couteau suisse ? Pourquoi Victorinox ?

Alors là, je vous arrête TOUT DE SUITE !

Votre forme interrogative est absolument ignoble. Alors vous pouvez vous carrer votre « i » dans l’oignon jusqu’à vous en chatouiller la luette !

On dit : Pourquoi Victor noxe-t-il?

En plus, noxer, c’est même pô un verbe d’ailleurs. Encore un de ces néologismes à la mords-moi le nœud (aïe) sans queue ni tête. Et il se répand l’enfoiré !

La preuve, ils sont déjà deux à se pavaner en vomissant leur superbe mielleuse à coup de « oui, je noxe. Et alors ? » Ces salopards de Victor et Fort.

D’ici peu, le monde risque d’être envahi par des clones ratés de ces deux précurseurs, incapables de se retenir de noxer à tous les vents et nous risquons de voir nos librairies et autres échoppes pleines de savoir se remplir d’horreurs noxophiles ! Je vois d’ici le prochain titre des autobiographies de nos présentateurs vedettes des chaînes de télévision : « Comme vous, je rie, je pleure et je noxe ».

Camarades ! Honnissons les noxeurs et les futurs lobotomisés qui chercheront à les imiter ! Soyons le dernier bastion face à l’invasion des imbécilités humaines et de la vinaigrette allégée à 45 % ! D’ailleurs, je me demande ce qu’est leur vinaigrette complète. 80 % de matière grasse ? C’est d’l’huile pure, ouais !

Bon. Alors pourquoi Victor noxe-t-il ? J’en sais foutre rien, je m’en fais swinguer les roubignoles en 3/3, mais qu’il ne vienne pas l’faire ici, j’ai ciré le parquet hier !

Et le fémur, me direz-vous ? C’est une très bonne question et je vous remercie de me l’avoir posée.

Le fémur est nécessaire au développement de l’homme et de ses connaissances. Sans fémur, l’homme s’étiole et se casse la gueule devant ses congénères. Il passe ainsi pour un con.

Soyez avides de fémurs et brillez en société grâce à eux. Mais prenez garde, soyez attentifs et sélectifs. Un fépazassémur risque de se révéler inutilisable et vous passerez pour des cons en en faisant étalage à tort (ou d’être à la pointe de l’info dans les milieux adoskybloguiques).

(Exemple de fépazassémur : « Dans les milieux autorisés, on s’autorise à penser que le fémur de Rika Zaraï ne serait en réalité qu’un caniche nain. »)

Le fémur, quant à lui, est sûr et solide. C’est un agréable accessoire de socialisation et une source d’amusement sans borne. D’ailleurs, faites ce petit test chez vous : plantez votre fémur dans le jardin du voisin et regardez-le péter les lames de sa tondeuse, jurer, fondre en larmes et maudire le gouvernement. Invitez quelques amis et prévoyez l’apéro ! Bonne soirée en perspective.

De Tablus Placidus

Considérations mobilières, anathématisation du fourbissime et rétablissement de la Vérité.

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Qu’y a-t-il de plus banal qu’une table ? C’est un objet courant à peu près partout dans le monde, bien qu’il soit parfaitement immobile. De forme vaguement géométrique, approximativement campée sur un nombre variable de pieds, servant plus ou moins à poser des machins dessus ou à se cogner dedans.

Et c’est le point qui nous intéresse aujourd’hui. Mais avant de décrypter le pourquoiducomment qu’on se cogne toujours les genoux ou le petit doigt de pied sur le coin ou le pied de la table, il m’apparaît opportun et important de revenir sur l’origine de la table afin de comprendre en essence ce qui la pousse à martyriser nos pauvres corps.

La table remonte à la plus haute Antiquité, voire avant, disait Platon, pour qui l’Antiquité c’était vachement plus vieux que notre Antiquité à nous, qui fait figure d’adolescente boutonneuse aux seins en piqûres de moustique pour qui les garçons sont caca boudin en comparaison avec l’Antiquité platonicienne, ample et grasse, aux seins obusiers et pleine de varices, avec dans l’œil cette lueur qui suggère que les compétitions de pétages de lattes sur multispires en duo ne sont plus qu’un lointain souvenir ; c’est vous dire si la table, ça ne date pas d’hier.

La table (tablus placidus) ne fut pas créée, comme on le pense souvent, mais est bel et bien le fruit de l’Évolution. En effet, la Nature, à l’époque toute puissante et soucieuse du bien-être de l’Humanité, observait souvent le seul spécimen de cette race qui ne tentait pas de trépaner son voisin à coups de caillou : Isaac Newton. Voyant ce pauvre homme s’échiner à écrire tout un tas de bidules sur des feuilles de bananier et le dos de n’importe quelle bestiole assez large, et à poser des vistemboires partout où ça ne se cassait pas la gueule (1), la Nature d’alors, dans son infinie bonté, crut bon de Le doter d’une roche de surface plane afin qu’Il puisse y poser ses trucmuches et écrire ses bidules plus confortablement. « En voilà une riche idée ! », s’écria Isaac ; idée qu’il s’empressa de baptiser « table », car ça ne ressemblait que très peu à une cicindèle.

Et pendant quelque temps, Isaac et la table vécurent heureux dans la joie et dans l’allégresse, l’un posant des bidules sur l’autre qui s’en trouvait ravie. Mais un jour qu’Isaac revenait de la pêche, qu’il venait d’inventer, il se confia à la table en ces termes : « J’ai trouvé deux trucs super ! La mémoire, d’une part, qui me permet de ne plus avoir à écrire des zigouigouis sur des feuilles de bananes, et les poches, dans lesquelles je peux mettre plein de bitoniaux ! Allez, à plus, je vais inventer le trombone. » Et il s’en fut, laissant la pauvre table à sa solitude, la Nature ayant depuis longtemps reporté son attention sur les papillons, sous prétexte qu’ils sont plus jolis qu’un supporter de football (2).

Mais foin de cette lypémanie ! Notre table, certes pusillanime, mais néanmoins désireuse de prouver au monde qu’elle pouvait y trouver sa place, entreprit de se planquer pour réfléchir à la suite des évènements et à la meilleure façon de perpétuer son espèce, et de s’intégrer partout, en commençant par la salle à manger.

Après avoir longuement considéré la reproduction sexuée, dont elle se détourna pour de basses considérations inhérentes à sa non-possession de pénizigounette et à l’absence d’une autre table, notre table, déçue, se pencha plus avant sur une théorie bien rodée : la scissiparité (3). Ayant consulté moult spécialistes dans les mares environnantes, et suivi quelques cours de travaux pratiques avec le docteur Sporohalobacter, elle poussa un grand coup et « PAF », ça ne fit pas de Chocapic, mais une jolie table lui ressemblant comme deux gouttes d’eau (4). Grande fut la joie de notre table à la vue de sa congénère ! Et ne voulant pas en rester là, elle entreprit de repousser très fort, imitée par sa fifille et « re-PAF » et « PAF ».

Les tables ne se sentaient plus de joie et advint alors la période qui fut plus tard baptisée « Le Grand Plop » (5). Durant au moins, pfffou, tout ça, les tables firent « Plop » par-ci, « Plop » par-là, « Plop » par-devant et « Plop » par derrière. Et les hommes d’alors commençaient à les remarquer. On considère que l’adoption de la table par l’homme commença le jour où Gruf’n posa son steak d’antilope sauce grand-veneur sur l’une d’elles et fut stupéfait de ne pas voir la sauce couler négligemment et inexorablement partout sauf sur sa viande. Dès lors, la table s’installa dans l’habitation de l’homme et n’en repartit plus.

Mais le mal rôdait…

Avec son introduction dans l’habitat humain, la table se prélassa, heureuse de se faire poser des trucs dessus, et relâcha son attention. Erreur ! Car nonobstant le confort douillet de l’intérieur humain, ce nid sec et chaud abrite en son sein les pires prédateurs tabliers/tabulaires/des tables !

Dégoulinant d’humeurs malignes et ichoreuses, ne vivant que pour souiller et entacher à jamais la pauvre table, il avance, telle une tique maléfique aux crocs acérés plantés dans la chair tendre d’un teckel, parasitaire contenant attaché à la main de l’homme inconscient des ignominies qu’il s’apprête à commettre, et, son hôte l’ayant déposé sur la table incapable de se défendre, il commence son œuvre d’irrémédiable destruction au terme de laquelle l’homme abandonne sa table à la nature, ne pouvant plus regarder sans vomir son âme défigurée et meurtrie. Cachant sa nature viciée sous des dehors pratique, ce tueur profite de la naïveté de l’homme pour, sans relâche, s’attaquer à nos amies les tables. Ce vautour tablier/tabulaire/bordel de merde/tablaire (6) qui est …… TadaaAA ! le verre tout mouillé qui fait des taches !

Mais il est un prédateur plus vil encore, un prédateur que l’homme ne pourra jamais se résoudre à chasser de son logis au profit de la table. Un prédateur implacable pour tout ce qui fait moins de 40 cm. Un prédateur dont les armes sont les joues potelées, les gazouillis trognons et le popo asphyxiant face auquel même l’anaconda s’avoue vaincu : le bébé !

Maizalors, me direz-vous, comment se fait-ce que notre bonne vieille table soit toujours aussi présente et prolifique ? Aurait-elle trouvé une parade pour repousser ces félons verriers et petitdhommesques ? Eh bien oui ! Et c’est d’ailleurs de là que part l’évolution de la table, évolution qui nous amènera, je l’espère, jusqu’au sujet du jour, qui était de savoir pourquoi qu’on se cogne les genoux sur le coin de la table. Enfin, je crois.

Bref, comme nous l’avons vu précédemment, la table dénote une intelligence incroyable. Elle a découvert à force de recherches la scissiparité et s’est multipliée pour assurer la survie de l’espèce. De nature inquisitrice, elle eut le loisir d’observer les hommes et leur évolution entre deux attaques de bébés et découvrit avec stupeur (mais aucun tremblement) que l’homme changeait pour s’adapter à son environnement de la meilleure façon possible. Ne voulant pas être en reste, elle décida de faire de même et poussa très fort (décidément, c’est une habitude) pour se munir de pieds, dans le but de s’élever pour apercevoir ses ennemis de loin et se mettre hors de portée du pire d’entre eux.

Mézélasse, la table comprit bien vite que deux problèmes majeurs se posaient à elle. D’une part, se faire pousser des pattes et changer son métabolisme, ça prend plus longtemps que faire pousser un noisetier et, d’autre part, elle ne pouvait décemment pas monter trop haut, sous peine de pénaliser grandement son utilité pour l’homme. De nature pragmatique, elle décida de s’occuper du premier problème en premier. Et c’est là que le drame arriva. Car depuis des lampadaires, tapis sournoisement dans l’ombre, ourdissant et fomentant comme l’honnête homme respire (7), le cuistrissime êtruscule attendait son heure.

Voyant la table en proie à une contrition palpable, l’albert sortit son groin des noirs réduits malodorants où sa vilénie l’avait parqué et s’approcha tel le serpent bibliothécaire (8) de la table. De son verbe fielleux, il enjoliva la pauvrette d’idées impies visant à nuire à l’homme. La table frêle et impressionnable, n’ayant pas les neurones nécessaires à lutter contre ce verbiage malsain, accepta de se faire aider par le fourbissime. De là, on vit apparaître sur nos tables, tels des ergots chitineux et indestructibles, vindicatifs et impressionnants, telles les coudières acérées d’un fuligineux chevalier de l’enfer, des coins pointus tendus vers nos genoux. Et l’homme, bon et confiant, convaincu par l’habitude de la bienveillance de la table, commença à se cogner dans les coins, pour le plus grand plaisir pervers et pernicieux de ce petit poilu pas peigné d’albert. Pour tout dire, il était « relativement » content et la table, créature simple, l’était aussi. Elle pouvait désormais se protéger de bébé, grandir tranquillement et s’occuper de son second souci.

Ce second souci, rappelons-le, était de ne pas trop grandir pour rester amie de l’homme, ce qui l’exposait toujours aux verres mouillés. Que faire ? Ô rage, ô désespoir, ô tarie. Pestant et rageant, en proie à un dilemme, la table sanglotait, éprouvée et mouillée, et songeait à sombrer dans l’alcoolisme quand une ombre rassurante se posa sur elle.

« Bah alors bichette ? On est tristounette ? Je pars quelques années inventer le calcul intégral et les mouvements des planètes et tu t’étioles ? Allez, viens que je te fasse un câlin et te dise une bonne nouvelle. » En ces mots s’exprima Isaac, revenu d’on ne sait z’où, en forme et bronzé. Mais alors qu’Il s’approchait pour enlacer sa table chérie, sur laquelle Il comptait écrire l’Œuvre, le Tome de Sa Voix, son Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica, Il se démonta copieusement la rotule sur le vil coin épointé de son amie. « Aïeuh », fit-il, car Il était stoïque.

« Pardonne-moi, Isaac, mon aimé. C’est qu’en ton absence j’étais en proie aux pires tourments de la part des petits d’hommes et des verres mouillés, et j’ai cédé : l’albert m’a dotée de ces protubérances disgracieuses pour les tenir à distance pendant que je grandissais. Mais mon moi est vicié et elles sont à présent ancrées dans ma chair. Pauvre de moi. Que n’ai-je suivi tes conseils éclairés et non mon seul désir de vivre en paix. » Isaac ne put retenir une larme et s’adressa en ces mots à la table :

« Table, ma sœur. Ne sois pas trop dure envers toi-même. Trop souvent les êtres pervers se jouent des âmes bonnes et cet « albert » m’a l’air d’un fieffé coquin. Allez, sèche tes larmes et prend ma dernière invention : le petit carré pour mettre des trucs dessus (9). Grâce à lui, tu es complète, car en plus d’être assez grande pour être hors de portée des bébés, tu pourras désormais être protégée des verres mouillés. » À ces mots, la table ne se sent plus de joie, elle demande un câlin et Isaac se cogna le petit doigt de pied sur le pied de la table.

« Aïeuh », fit-il, car Il était aguerri.

« Pourquoi donc ce revirement ? T’ai-je causé quelque tort ?

– Pas du tout ! Permets que je t’explique. Par cet habile stratagème, l’homme se souviendra à chaque coup sur le petit doigt de pied de la nature vile, veule et impure de mes appendices albertitiens. C’est afin de protéger l’homme que de temps à autre, de ma propre volonté, je lui infligerai quelque menue souffrance, bien qu’il m’en coûtera.

– Quelle noblesse d’âme, mon amie. Et je ne doute pas qu’un jour, les horribles mutilations de ce félon dont j’ai oublié le nom s’effaceront. L’infamie chafouine ne peut rien face à la grandeur d’âme. Bon, je m’installe, j’ai un bouquin à griffonner.»

Et c’est ainsi que la table trouva sa place et sa raison d’être dans le monde, ainsi qu’une certaine stabilité. Et Isaac avait raison. À force de rappeler à l’homme qui se prend le pied dans son pied que la vie est semée des embûches du cuistrissime fourbuscule, à l’instar des coins de table, elle poursuivit son évolution pour aussi devenir ronde, ovale, plaisante aux yeux et beaucoup moins dangereuse pour les genoux de l’homme, au grand dam du primus chafouinus.

Et c’est au nom de toutes les tables sur lesquelles je ne me cogne pas que je crie aujourd’hui :

« albert est un con ! enstein, tu sens mauvais ! »

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(1) Bien qu’Isaac n’en ait cure, la chute d’un truc lui confirmant à chaque fois sa Grande Théorie Universelle.

(2) Et on serait bien en mal de lui prouver le contraire.

(3) Elle avait aussi considéré la parthénogenèse, mais n’y avait rien compris.

(4) On est ici en droit de se demander dans quelle mesure une table peut ressembler à deux gouttes d’eau et, si tel est le cas, comment on peut y jouer au jeu de go.

(5) Les Chocapic ayant menacé nos tables d’entamer des poursuites si elles continuaient à faire « PAF ».

(6) J’fais ce que je veux et c’est très joli, « tablaire ».

(7) C’est une figure de style et non une réalité tangible. L’existence de l’honnête homme étant toujours à prouver.

(8) Biblique ? Ah. Bon. Ben, biblique, alors.

(9) Il n’a jamais été très doué pour les noms

À cent à l’heure, entre les c… etc.

Comme le disait judicieusement Theilhard de Chardin : « Ce n’est pas en tournant autour du pot qu’on va repeupler la France »¹.

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Suivant ce conseil avisé, j’irai droit au but. J’ai écrit un truc – nul, certes –, mais qui a le mérite d’agrémenter ce blog d’un article supplémentaire. Ce qui prouve que je suis un homme honnête et respectueux de la parole donnée. Voir à ce sujet le billet précédent.

Donc, voilà.

La difficulté qui se présente maintenant est, comme vous l’avez tous compris, de trouver un sujet intéressant.

Étant conscient de mon incommensurable imagination, je ne doute pas que, d’ici peu, une idée d’une fulgurante beauté jaillira avec promptitude dans mon cerveau (d’aucuns m’objecteront que celui-ci est notoirement absent de mon crâne, ce à quoi je leur répondrai c’même pas vrai, j’ai des preuves, mais elles ont piscine).

La prestesse avec laquelle cette admirable idée va arriver étant toute relative, qu’il me soit permis de meubler cette attente avec une petite historiette dont l’authenticité doit se trouver par-là, dans un coin.

« Or donc, en ce temps-là, Eugène Le Minotier vaquait paisiblement à ses activités meunières dans un des nombreux moulins banaux³ de la région. Entre deux sacs de farine, il lui arrivait de descendre au village pour y dépenser quelque menue monnaie dans le but d’acquérir auprès de commerçants divers certaines denrées nécessaires à sa sustentation.

D’un naturel affable, néanmoins laconique, c’est sans malice aucune qu’Eugène répondait invariablement à la question “Et ta sœur ?” et aux commerçants sus-mentionnés : “Elle bat le beurre”.

Puis il s’en retournait gaiement à son moulin.

La sœur d’Eugène, effectivement, barattait la crème pour en tirer la graisse du pauvre. Et la raison de l’inquisition commerciale venait du fait qu’Émilie La Baratte ne sortait guère de la baraterie où la juste raison et son mari Simon l’avaient parquée.

Or les boutiquiers n’étaient pas au fait de cette sauvage séquestration et dans leur esprit étriqué, la réponse inamovible d’Eugène faisait figure de rabrouement glacial, leur pauvre intellect ayant occulté la nature peu prolixe du meunier.

Le temps fit son œuvre et la réponse anodine d’Eugène fut reprise par le village pour éconduire avec brutalité tout individu importun, puis s’exporta grâce aux voyageurs de passage dans tout le pays.

Ainsi naquit/naqua/naquait l’idiotisme “Et ta sœur ? Elle bat le beurre.”

Toutefois, l’Histoire ne nous dit pas à quelle vitesse Émilie barattait sa crème ni si elle se complaisait à s’acquitter cette tâche entre les jambes d’un employé des Postes. »

Voilà, voilà…

Apparemment la muse à piscine elle aussi.

Bon, bon, bon…

J’vais y aller, moi.

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1. En fait, il a dit : « Tout ce qui monte converge. » Mais bon, si je devais me soucier de la véracité de mes citations, eh ben, j’écrirais encore moins².

2. La citation de la note précédente est quant à elle tout à fait juste. Ce qui explique pourquoi j’ai mis près d’un an à pondre cet article.

3. Que ceuzécelles qui auraient l’outrecuidance de me faire remarquer que le pluriel de « banal » est « banals » aient l’amabilité de se servir de leur Petit Larousse en tant qu’olibos, et ce, à la manière hellénique. Car j’ai raison, dans le cas présent, c’est bien « banaux ».