Houblonneries pétillatoires

Les amis, disait Desproges, se reconnaissent par leur capacité à nous décevoir. Il avait raison.

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J’ai fait l’expérience de la déception amicale pas plus tard qu’hier.

Tergiversant et bavassant sur de hauts sujets philosophicoabscons et débilatoires, un certain félidé de mes amis émit l’hypothèse saugrenue que l’ingestion de certains psychotropes puisse avoir des effets libératoires sur nos intellects grandioses et nous donner accès à des sphères de réflexion tenant au newtonisme le plus pur.

Estomaqué de cette déclaration, car étant persuadé de la probité corporelle de ce griffu personnage, je m’enquis de ce nouveau penchant pour les paradis artificiels. Il me répondit qu’à l’occasion, il trempait ses vibrisses dans quelque macération de houblon, ce qui apaisa mes craintes.

Mais, et c’est là qu’advient la déception, ne voilà-t-il pas qu’il admet sans coup férir ne boire ce breuvage délicieux qu’accompagné de… grenadine.

Je fus choqué.

Qu’il me soit permis de vous expliquer ce qu’est la grenadine. C’est un produit synthétique, créé de toutes pièces par des chimistes qui n’ont rien fait qu’à tripatouiller des molécules pour voir quel goût ça a.

Mais le pire, c’est que pour faire vaguement tenir tout ça en place, pour permettre à cet immonde liquide visqueux rougeâtre et déliquescent, bref pour que cet immonde breuvage imbuvable sans eau ne nous pète pas à la gueule à cause de liaisons atomiques merdées, il a fallu le concours de « gens », si toutefois on peut les désigner ainsi, qui ont étudié la stabilité… « relative »… de ces composants chimiques.

Oui ! la grenadine est le produit de physiciens !

Mais, j’en vois venir certains qui vont arguer de la nature tombatoire du sirop dans la bière et, sur cette seule preuve, pitoyablement affirmer et soutenir  l’intrinsèque attirance de la grenadine pour le bas et ainsi essayer par de fallacieuses chafouineries de me convaincre de la quintessence progravitationnelle de cet aimant à mouches (1).

Eh ben, non ! La bière se boit pure, dans une pinte, en se grattant les couilles !

Honnissons les adoucisseurs de ce divin breuvage qui souillent son admirable robe pétillante par l’adjonction de physiceries édulcorantes et E122èmes, participant ainsi à l’extension de la main-mise du primus chafouinus (2) sur le monde !

Puissent des klaxons leur apparaître inopinément là où le soleil ne brille pas, que jamais plus ils ne s’assoient sans honte !

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(1) Oui, la grenadine attire les mouches !, preuve de son alberité sous-jacente.

(2) Je rappelle au lecteur distrait que nous parlons ici de ce fieffé félon d’albert einstein, puissent les pigeons déféquer sur les icônes impies le représentant.

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